Des documents récemment déclassifiés par le département d’État américain montrent que l’ancien président mauritanien Mouawiya Ould Sid’Ahmed Taya s’opposait à toute résolution potentielle du conflit au Sahara Occidental entre le Maroc et le Front Polisario durant les années 1980, craignant des répercussions négatives sur la stabilité de la Mauritanie.
Selon les informations contenues dans ces documents, Ould Taya était préoccupé par la possibilité d’un rapprochement entre le Maroc et le Front Polisario, qu’il considérait comme contraire aux intérêts stratégiques de la Mauritanie.
L’une des lettres déclassifiées révèle que Ould Taya consultait parfois son chef d’état-major de l’époque, Ahmed Ould Menih, sur ce dossier. Ce dernier, fort de son expérience en tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères (1980-1986) et attaché militaire en Algérie, avait une bonne compréhension des parties impliquées dans le conflit.
Lorsqu’Ould Taya lui a exprimé ses inquiétudes concernant un éventuel rapprochement, Ould Mneih l’a rassuré, estimant que les initiatives des Nations unies échoueraient d’elles-mêmes et conseillant de ne pas intervenir et de laisser les événements suivre leur cours.
Un autre document indique qu’en septembre 1988, Ould Taya a envoyé un émissaire personnel au président français François Mitterrand pour exprimer ses craintes.
Cet émissaire aurait rapporté les inquiétudes d’Ould Taya selon lesquelles une résolution pacifique du conflit pourrait entraîner un afflux de militants sahraouis radicaux en Mauritanie, menaçant ainsi la stabilité du gouvernement mauritanien.
Ces documents mettent en lumière les préoccupations stratégiques qui ont marqué le régime d’Ould Taya, dans un contexte où le conflit au Sahara Occidental avait des répercussions importantes sur la sécurité et les équilibres politiques dans la région.