Cliniques privées à Nouakchott : des tarifs anarchiques qui fragilisent l’accès aux soins
À Nouakchott, se soigner dans une clinique privée est devenu un luxe inaccessible pour une large frange de la population mauritanienne. Au-delà des prix prohibitifs, c’est l’absence de régulation et des pratiques commerciales abusives qui dominent, transformant l’accès aux soins en un véritable parcours du combattant.
Des tarifs incohérents et exorbitants
La première barrière reste financière. Les prix des consultations varient de manière vertigineuse, sans logique apparente. Un urologue réputé facture 600 MRU, un dermatologue voisin demande 800 MRU, tandis qu’un jeune psychiatre peut exiger jusqu’à 1 200 MRU pour une simple consultation. L’absence totale de grille tarifaire nationale crée une injustice flagrante et oblige certains patients à choisir entre leur santé et leur équilibre financier.
La double peine des patients
Le système révèle également une pratique dénoncée comme scandaleuse : la double consultation payante pour une même pathologie. Un patient doit souvent régler une seconde fois, même lorsque ce retour découle d’un diagnostic initial incomplet ou erroné. Une situation vécue comme une « récompense à la carence médicale », injuste et moralement condamnable.
Un modèle opaque et lucratif
De nombreuses cliniques fonctionnent sur un modèle de « consultations à la chaîne », où certains médecins reçoivent jusqu’à une quarantaine de patients par jour, sacrifiant la qualité des soins au profit du rendement. Cette logique quantitative s’accompagne d’une gestion financière opaque, souvent sans comptabilité formelle, et de l’exploitation d’infirmiers travaillant sans contrat ni protection sociale.
L’urgence d’une intervention de l’État
Face à ce constat préoccupant, la régulation publique apparaît comme une nécessité absolue. Plusieurs mesures sont évoquées :
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Uniformiser les tarifs : mettre en place une grille nationale claire et contraignante pour toutes les cliniques privées.
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Garantir le paiement unique par pathologie : interdire aux médecins de facturer plusieurs fois pour une même maladie.
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Renforcer les contrôles : instaurer des mécanismes stricts pour surveiller la qualité des soins, les pratiques financières et les conditions d’emploi du personnel.
La santé n’est pas une marchandise comme les autres. Elle relève de la dignité et du bien-être des citoyens. L’État mauritanien est appelé à agir pour instaurer un système de santé privé juste, transparent et éthique. Le temps des réformes est venu.


