L’engouement pour la coopération qui a suivi la mise en place de l’Alliance Sahel, en 2017, dans le sillage de la création du G5S, s’est complètement émoussé avec l’instabilité politique vécue dans certains Etats sahéliens. Mais l’AS, faite des principaux pays et organisations donateurs ne désarme pas face à «la complexité » de la situation.
« Nous nous engageons à soutenir activement ces efforts et à collaborer étroitement dans les domaines où la coopération est activement recherchée et où les intérêts communs se rejoignent ». Cette phrase chute de la déclaration finale qui a sanctionné les travaux de la 5ème AG de l’AS, tenue à Berlin (Allemagne) et présidée par la ministre allemande, Svenja Schulze, en dit long des incompréhensions et des déconvenues intervenues dans les relations de l’AS avec les autorités des trois pays sahéliens où des putschs sont intervenus.
Des désagréments poussés parfois à l’hostilité entre les principaux pays donateurs de la plateforme et les putschistes arrivés au pouvoir au Mali, au Burkina et au Niger. Des malentendus, sans doute, exacerbés par l’immixtion des milices Wagner qui ont supplanté les forces militaires de l’Otan, avec en toile de fonds la crise ukrainienne entre l’Occident et la Russie.
Le climat n’est pas, dans cette atmosphère de suspicion, aux grands amours. Pour autant, la déclaration de Berlin marque l’engagement de l’AS et les contours du terrain de la coopération. Au cours de cette AG, les membres de l’Alliance Sahel ont réitéré leur engagement collectif à répondre aux priorités de développement de la région.
«Je suis convaincue qu’en ces temps difficiles, il est particulièrement important de poursuivre notre engagement et notre dialogue. » dira Mme Schulze comme pour exorciser toute supputation. Elle veut ainsi maintenir les ponts avec les différentes parties d’autant que parmi les pays sahéliens, même s’ils sont aujourd’hui minoritaires, il y a de « bons élèves» comme la Mauritanie ou encore le Tchad.
«Nous réaffirmons notre engagement commun à traiter conjointement les priorités de la région en matière de développement, liées aux défis interdépendants des conflits, de gouvernance, du changement climatique et de la désertification» martèle la ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, S.E. Svenja Schulze. Les membres de l’AS ont financé des projets de développement, entre 2017 et 2022 pour un portefeuille de 1.330 projets d’un montant total de 26,47 milliards €.
La ministre allemande, pointant du doigt les changements politiques et la persistance de défis gigantesques, note: « j’ai pu constater que notre soutien parvient jusqu’aux populations. Tous les efforts que nous déployons sont justifiés pour chaque nouvelle personne qui bénéficie d’une éducation, qui peut mieux s’adapter aux effets du changement climatique ou qui peut nourrir sa famille (…) Au cours de mon second mandat en tant que présidente de l’Alliance Sahel, je souhaite tout particulièrement être à l’écoute de la jeune génération sahélienne et me concentrer sur l’amélioration de l’éducation et de la formation des jeunes dans cette région. ».
Les projets AS auraient ainsi bénéficié à 22,5 millions de personnes (moyens de subsistance et/ou d’une assistance alimentaire), 8 millions auraient eu accès à l’eau potable, plus de 5 millions d’enfants vaccinés, alors qu’1,5 million de personnes ont bénéficié d’une formation professionnelle.
Dans ce cadre, l’AS avec le soutien de la BM entend initier un nouvel instrument de mobilisation de fonds baptisé « RELANCE » pour soutenir l’éducation et le développement des compétences. L’AS a salué, par ailleurs, la création du Fonds fiduciaire pour le Sahel et les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, nouvel instrument qui pourrait élargir son champ plus à l’ouest du continent pour soutenir d’autres initiatives ou regroupements.
Le ministre mauritanien de l’économie et du développement durable, Abdessalam Ould Mohamed Saleh, a également évoqué les défis et enjeux de paix, de sécurité et de développement mettant en valeur l’intérêt pour la région d’un engagement international pour venir en aide aux pays et aux populations de la région dans leurs quêtes d’une sécurité alimentaire et à la résilience face au changement climatique et à l’impact des déplacements de populations comme les crises des réfugiés.